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Quelles responsabilités pour quel demain ? | Pierre Hemptinne | PUNCH

Il y aura un après Covid19, c’est entendu ! Mais quel sera-t-il ? Et quel sera le protocole public d’établissement des responsabilités, préalable à la construction de cet après ? Sur quelles bases, responsables ou irresponsables, va se bâtir « l’après » ? Qui est responsable : le virus ? L’humain ? La gestion de l’humain ?

L’ampleur de la crise sanitaire et la décision autoritaire du confinement nous a pas mal surpris. Beaucoup n’ont rien vu venir, accaparé-e-s par une actualité par ailleurs très chargée, par un rythme de vie, de toute façon trop soutenu. Mais surtout parce que les discours « d’en haut » se voulaient rassurants (encore jusqu’au début mars). Quand on découvre, après coup, le décalage abyssal entre les déclarations apaisantes et l’ampleur incroyable de ce dont « Covid-19 » devient le nom, l’amplitude du dysfonctionnement sidère.

Les discours sur « l’après » se multiplient et nul doute que « les états-majors » (nommons les ainsi puisqu’ils regroupent  ceux et celles qui pensent en terme de guerre) travaillent beaucoup pour préparer un atterrissage normalisateur sur les pistes qui ont dû être provisoirement délaissées. Tout en jaugeant jusqu’où il conviendra, dans les formes, de montrer qu’il a été tenu compte de ceux et celles qui déclarent ne plus vouloir revenir aux situations antérieures. Le comité mis en place par Sophie Wilmès semble s’occuper – pour peu que l’on soit tenu au courant - de logistique, comment relancer progressivement les machines, par quel secteur, quelles régions, quelle progressivité. Il ne semble pas prioritaire de procéder avant tout à un bilan de ce que signifie cette épidémie, de la manière dont elle a été traitée, ni de faire prévaloir une phase d’autocritique, un examen de conscience, pas plus que de prendre réellement en considération les vécus des personnes et leur aspiration au changement. La méthodologie – que nous sommes obligé-e-s de deviner – ne va pas dans le sens d’élaborer un autre système qui, à l’avenir, évitera que ne se reproduise le même genre de  situation.

La volonté est de piloter la force d’inertie en espérant revenir grosso modo, avec quelques aménagements, aux modes de fonctionnement antérieurs. Cette intention s’exprime dans la rhétorique du malade responsable : c’est votre faute si le virus se propage, c’est parce que vous ne comprenez pas, c’est parce que vous ne respectez pas scrupuleusement les règles et nouveaux interdits. Cette rhétorique n’a d’autre sens que de continuer à faire prévaloir, jusque dans la manière de traiter la santé, la logique néo-libérale qui fait poser la responsabilité sur l’individu atomisé. Ce faisant, un tel discours dominant ne marque aucunement l’ouverture à une possibilité de « virage » critique.

De ce fait, à aucun moment ne se dessine la procédure qui conduirait à établir clairement des responsabilités et donc de manifester l’intention d’analyser, de comprendre. Pourtant, pour penser l’après, ce passage à l’établissement des responsabilités semble de bon sens et relever du bon usage des préceptes scientifiques.

Sans être défaitiste ou complotiste, on peut considérer que se prépare une grande manœuvre de noyage de poisson, selon deux échelles différentes :

  • globale : c’est la faute à la nature
  • locale : faire illusion avec des règlements de compte entre partis

Il y a moyen, selon ces deux axes et en étant un peu habile, de pas trop mal s’en tirer !

 

Au niveau global, la dimension systémique

On l’entend venir, ça se dit, ça insiste ici ou là, entre les lignes : « c’est un fléau naturel, imprévisible, on fait ce que l’on peut, on apprend au fur et à mesure », etc.

N’importe quel citoyen qui commence à s’informer, à lire des articles, les tribunes publiées ici ou là, en arrive vite à avoir des doutes quant à cette imprévisibilité. Bien entendu, ça vient d’espèces animales, de la nature, mais ça se produit au niveau des interactions entre l’humain et le reste du . Ces interactions, quelles sont-elles, qu’est-ce qui les détermine ?

Pourtant, la science – celle-là même appelée à la rescousse pour légitimer certaines décisions de lutte contre l’épidémie -,  expose depuis longtemps de bonnes connaissances sur le mode de fonctionnement des virus.

En voici la base :

« Tout individu, toi et moi, est un mélange de matériel génétique complexe. Il y a celui qui nous confère notre physionomie générale (dans notre jargon, on parle de phénotype), le fait que toi et moi sommes des Homo sapiensou que la mésange soit un oiseau dénommé Cyanistes caeruleus. S’ajoute à ce matériel, des gènes d’origine bactérienne ou virale. Certains nous sont intimement associés comme les mitochondries qui fournissent notre énergie. D’autres sont plus ou moins dormants dans notre ADN. En plus, toute notre surface est colonisée par des milliards de microorganismes qu’on découvre à peine et sans lesquels nous semblons vivre moins bien qu’en leur présence. Face à ce tableau, la question qui se pose est l’origine de ce virus au nom imprononçable, Sars-Cov-2. Comment arrive-t-il à s’intégrer à la communauté de microorganismes associée à l’homme et pourquoi devient-il virulent alors que les milliards d’autres restent inoffensifs ? » (JL Hemptinne – ENSFEA, Directeur du laboratoire Evolution et diversité biologique/CNRS/Université Toulouse3/IRD)

Où, quand, comment, ces connaissances biologiques doivent-elles être prises en compte dans la gestion des affaires humaines ? Dès lors que le système capitaliste affecte l’environnement, peut-il rester aveugle à ces connaissances qui devraient « contraindre » nombreux de ces modes opératoires.

Ces connaissances ne sont pas jalousement gardées dans des coffre-forts.  Elle sont diffusées, publiées toujours un peu dans l’espoir d’éclairer les intelligences dont celles des politiques.

En effet, de nombreux scientifiques alertent la société – et le politique – sur les impacts de notre économie extractiviste au niveau de notre environnement et sur la biodiversité. Ces dégâts détruisent le milieu de vie de nombreux virus qui finissent par s’implanter chez l’humain. Ce n’est pas une découverte de mars 2020. Prenons la peine de (re)lire cet extrait d’une interview récente de Philippe Grancolas, écologue, directeur de recherche au CNRS :

« Les gens pensent que les virus ont toujours existé, que les épidémies n’ont rien à voir avec l’état de la biodiversité ou le changement climatique. Pourtant, depuis quelques décennies, elles augmentent. Elles n’ont pas l’impact énorme du Covid-19, mais leur fréquence s’accélère. La majorité sont des zoonoses : des maladies produites par la transmission d’un agent pathogène entre animaux et humains. Les pionniers des travaux sur les parasites les étudient depuis le début du XXsiècle. Mais la prise de conscience de leur lien avec l’écologie au sens scientifique du terme date d’il y a quarante à cinquante ans.

Aujourd’hui, nous savons qu’il ne s’agit pas que d’un problème médical. L’émergence de ces maladies infectieuses correspond à notre emprise grandissante sur les milieux naturels. On déforeste, on met en contact des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel avec des élevages domestiques dans des écosystèmes déséquilibrés, proches de zones périurbaines. On offre ainsi à des agents infectieux des nouvelles chaînes de transmission et de recompositions possibles.

On peut citer le SRAS, ou syndrome respiratoire aigu sévère, dû à un coronavirus issu de la combinaison de virus d’une chauve-souris et d’un autre petit mammifère carnivore, relativement vite jugulé au début des années 2000. L’épidémie du sida, souvent caricaturée de manière malsaine, présente une trajectoire analogue : une contamination de primates, puis une transmission à des centaines de millions de personnes. Ebola fait un peu moins peur parce qu’on pense que son rayon d’action est limité à quelques zones endémiques. En réalité, sa virulence est si terrible que cette affection se propage moins facilement car la population meurt sur place. Là aussi, le point de départ est une chauve-souris. » (Le Monde)

Il parle bien de recherches commencées au début du XXème siècle avec une prise de conscience plus formelle datant de quarante ou cinquante années. D’autant que le Covid-19 n’est pas le premier du genre. Les apparitions de tels virus s’accélèrent. Il semble difficile d’imaginer qu’un-e responsable politique – étant donné le sens même de « politique » - puisse ne pas être informé.

En fait, de deux choses l’une : il-elle est en effet bien au courant et n’a en rien agi pour que quelque chose change (dans le mode économique et l’exploitation du milieu vivant, dans le système de santé, au niveau même de la possibilité de voter pour une autre politique ) ; soit il-elle n’était pas au courant et cela est-il concevable ? Peut-on admettre qu’un-e responsable politique ne soit pas informé-é-s de questions aussi importantes pour le devenir de notre société ? Compte tenu que les informations et les personnes ressources pour expliquer de quoi il retourne ne sont pas difficiles à trouver. Les nombreuses manifestations contre la crise climatique, contre tout ce qui provoque la sixième grande extinction, devraient mettre la puce à l’oreille. (Rappelez-vous, tous les vendredis, les lycén-ne-s dans la rue, stigmatisant le déni des adultes face à la situation climatique).

Il y a donc une responsabilité globale de la classe politique, que la crise actuelle permet d’établir et qui objective encore un peu plus à quel point la gouvernance actuelle du monde génère effondrement et nous envoie dans le mur.

C’est une responsabilité de classe et systémique qui n’a que faire de la répartition entre droite et gauche. Elle s’établit en prenant en considération le soutien apporté à une économie de la croissance, destructrice de l’environnement, tant par les gouvernements de gauche que de droite ou de centre (sans pour autant céder à la tentation de dire « tous les mêmes »). Cette responsabilité qui dépasse les personnes, tout en les mettant bien entendu en cause dans leur rôle de personnification du système, établit l’impuissance de cette classe politique, assujettie à un système suicidaire, à prendre des décisions « éclairées » et à anticiper les catastrophes qui viennent.

 

Responsabilité et démocratie représentative

Dans leur mode de gestion catastrophique – qui prépare la catastrophe -, ils-elles revendiquent la légitimité que leur confère la démocratie représentative. A ce niveau, il convient peut-être de profiter de la crise pour repenser le fonctionnement démocratique. Tout le monde s’accorde à dire qu’elle se porte mal, qu’elle est en crise aussi. Elle a besoin que de larges pans de la population puissent croire en « autre chose » et que le principe du vote soit à même de choisir une alternance digne de ce nom. Il faut rompre avec l’aliénation et l’auto-aliénation profondes que propage le capitalisme - son dogme de la croissance, son consumérisme – appuyé sur ses industries culturelles et de loisirs. Donner corps à d’autres imaginaires, auxquels des couches multiples et variées de la population pourraient croire, qui pourraient se conjuguer en d’autres manières de faire la politique. C’est un travail de longue haleine qui nécessite de confier de nouvelles missions, avec de nouveaux moyens, à tous les rouages des politiques culturelles publiques, non-marchandes.

Plutôt que renvoyer dos-à-dos politiques d’un côté et électeurs-trices de l’autre, les protocoles d’établissement des responsabilités devraient conduire à un constat partagé : « C’est bien la politique dans son ensemble – comme forme d’activité et de pensée, comme policy administrative étatique et comme politics oppositionnelle – qui apparaît ainsi complice de l’effondrement auquel elle prétend (parfois) porter remède. »

Et Yves Citton et Jacopo Rasmi de préciser :

« Seule interruption d’un certain monde et de sa croyance – bien plus critique, inquiétante et douloureuse que celle provoquée par une œuvre d’art – pourra nous permettre de reformuler et de réadapter les coordonnées de perception, de réflexion et d’action propres à nos communautés pour les rendre compatibles non seulement avec les limites de nos environnements, mais tout autant avec les idéaux que le capitalisme absolutise actuellement dominant échoue à réaliser. » (« Générations Collapsonautes, » Seuil, 2020)

 

L’impact du néolibéralisme sur le système de santé, responsabilité politique

Le régime néo-libéral ultra dominant, dont les fondements sont défendus par tous les gouvernements qui se succèdent, développe une certaine idée de la médecine, de ce que signifie se soigner et soigner l’autre, et avance avec un idéal de système de santé calqué sur les modèles des entreprises performantes et un discrédit systématique de l’Etat providence, des services publics.

Voici ce qu’en dit la philosophe Barbara Stiegler, dans Le Monde du 9/04/20 :

« L’idée véhiculée depuis des années est au fond que notre système sanitaire doit en finir avec la vieille médecine clinique, fondée sur la souffrance et la plainte du patient, de même qu’il serait censé en avoir fini avec les grandes épidémies infectieuses, supposant l’assistance à des populations vulnérables. C’est le sens de la médecine dite « proactive », portée par les promesses du virage numérique et des données massives (big data) en santé.

A notre vieille médecine jugée « réactive », la vision proactive oppose des processus d’optimisation continue, où ce sont les patients eux-mêmes qui sont censés gérer de manière optimale leurs propres comportements face aux risques.

Comme chez Walter Lippmann, l’idée est d’augmenter les performances des individus et leur capacité à s’adapter, y compris à un environnement dégradé. Cette vision, que l’on retrouve dans le champ de la maladie chronique avec la « médecine des 4 P » (« personnalisée », « prédictive », « préventive », « participative »), sous-tend une nouvelle conception de la santé publique, qui passe exclusivement par la responsabilité individuelle et qui refuse d’assumer une vision collective des déterminants sociaux de santé, toujours soupçonnée de déboucher sur une action sociale trop collectiviste. »

La crise sanitaire actuelle devrait signer la ruine de ce modèle et de tout ce qui l’inspire.

L’établissement de cette responsabilité systémique – accompagnée d’un argumentaire qui empêche les un-es et les autres de se dédouaner – doit acter l’urgence de changer de système en profondeur et prononcer des sanctions contre ceux et celles qui savaient ou devaient savoir, ont laissé faire, ont organisé l’ignorance (surtout la leur). Ces sanctions ne sont pas à inscrire dans un esprit de revanche, mais dans une perspective positive de dépasser les logiques de camps afin de penser un autre modèle viable.

 

Et au niveau local, comment ça se passe ?

Dans la proximité – là où l’on peut encore faire croire à une autonomie nationale et régionale -, la tentation sera grande de faire oublier la responsabilité systémique par la manière dont s’organise la mise en scène politique.

Même si une certaine prudence est de mise (cf. Un article du journal Le Soir du 10/04 quant à savoir si les présidences de parti doivent s’exprimer pour le moment), on se prépare à occuper le terrain « de l’après » par diverses procédures : commissions d’enquête, attaques en justice, interpellations médiatiques exigeant de rendre des comptes (par exemple pour la destruction antérieure de masques de protection). On sent que ça vient. Il y a de petites phrases, de petites piques, ça reste encore décent même si l’on constate l’une ou l’autre tentative d’instrumentaliser la situation, la palme revenant au président du MR : «  ce que l’on vit là, ça ressemble à la décroissance prônée par la gauche ».

Les rivalités intestines fourbissent leurs armes. Chasser le naturel, il revient au galop. Et ils-elles pourront tous jouer à exiger des comptes, des démissions, à critiquer, déballer, charger, demander des sanctions, donner le spectacle d’une classe politique « responsable » qui tire les conséquences d’une situation critique, grave, et n’hésitera pas à remédier aux carences du système.

Cette manière de faire, pour autant qu’elle n’entérine pas la responsabilité systémique qui les met tous-toutes au même niveau, n’a qu’un objectif de survie : même pas vraiment de tirer avantage électoral de la situation mais, plus profondément, de sauvegarder le champ politique tel qu’il est constitué actuellement, avec chacun-e à sa place, dans son rôle précis sur l’échiquier des tendances (et bien entendu, à l’intérieur de ce périmètre, les places peuvent bouger, s’interchanger). Donner l’impression de s’engueuler, de se taper dessus, est la meilleure manière de sauver sa place (et la face ?) selon les principes et dynamiques sociales qui structurent les champs tels qu’étudiés par Bourdieu. Le jeu des rivalités a pour fonction de protéger le champ, de le faire tenir ensemble et de rendre malaisée toute intrusion mal intentionnée, porteuse d’une remise en question du champ dans son entièreté. C’est une dynamique qui infantilise le-la citoyen-ne en l’enfermant dans un dualisme primaire : il faut choisir son camp. En outre, la remise en cause du système inclut le souhait d’échapper à cette logique binaire de camp contre camp (ce qui n’est pas non plus une dépolitisation, encore moins le « ni droite ni gauche »).

Les polémiques et guéguerres intestines rejouent, sur scène, devant les électeurs-trices, la politique du bouc  : oui, on peut condamner tel-le responsable pour un acte précis qui, après coup, paraît criminel. Mais cette personne a agi selon une logique managériale et des principes marketing qu’à peu près tous les responsables politiques ont valorisés et promus, ceux de la gestion néolibérale des stock, ceux du démantèlement des services publics.

Au local, comme au global, méfions-nous des ruses qui noieront le poisson en désignant des coupables, en faisant sauter des fusibles. C’est ce système qui est responsable et lui seul qui doit être sanctionné.

Les manœuvres stratégiques pour un retour à l’état antérieur sont activées tant au global qu’au local. Mais dans l’esprit de leurs leaders, il ne s’agit même pas d’un retour à la normale. Il y a fort à parier que ce qu’ils envisagent est de tirer parti de l’état d’exception pour relancer de plus belle leur course en avant de réformes mortifères : c’est parce que les réformes ne sont pas assez abouties que ce genre de crise arrive, il faut pousser plus loin encore la logique d’efficacité néo-libérale dans les hôpitaux, il faut étendre encore plus la prédation des big data sur les vies privées afin de mieux prévenir, mieux contrôler ce genre de menaces virales à l’avenir… Bref, ce serait en intensifiant encore le pouvoir de la technoscience que l’on se prémunirait le mieux, à l’avenir, contre les autres épidémies appelées à se succéder (du fait même de la colonisation du vivant par la technoscience).

 

Ceux et celles appelés à conseiller le politique pour l’après.

Les conseils scientifiques auprès du politique, pendant et pour l’après la crise se multiplient. D’abord, disons que la science, dans ses relations avec le pouvoir, demande à être contrôlée. La science ne porte pas une vision du monde unique et infaillible. L’enrôlement de scientifiques dans divers lobbying douteux suffit à nous renseigner sur la prétendue « neutralité » de la science.

Ensuite, étant donné les enjeux, ces conseils devraient être considérablement, élargis et « plurialisés » en intégrant plus de personnes du terrain, expérimementant à  l’intérieur des systèmes de soin, (ceux et celles qui ont vu, qui ont entendu, qui ont touché, qui ont encaissés, ont été contaminés),  plus de sociologues, des biologistes, des historiens des sciences, des représentants des secteurs éducatifs et culturels, d’éducation permanente. Leur mission ne doit pas être de penser le meilleur protocole pour relancer ce qui a été mis à l’arrêt, et rattraper le temps capitaliste perdu, mais d’ouvrir les chantiers qui déboucheront sur une autre société. Ce que nous a déjà appris la crise actuelle : contrairement à ce que l’on nous disait, il est possible d’interrompre le système, d’appuyer sur pause et de prendre le temps de réfléchir. Et du coup, les conséquences néfastes du mode de vie imposé par l’économie de marché, se révèlent de façon plus évidente. (C’est la première fois depuis 30 ans que l’on distinguer les sommets de l’Himalaya à 200 kms !)

Cela – cette intention, cette « adresse à » - devrait être rendu public avant toute autre démarche de « déconfinement ». Même si la mise en pratique sera lente et difficile, au moins qu’il soit clair que le cap fixé tire les leçons de la crise créée par la propagation du Covid-19.

L’économie capitaliste, étant brutalement mise à l’arrêt, est fragilisée et peut-être est-ce le moment d’agir et de faire pression ? Ne faut-il pas préparer une sortie du confinement qui poserait ses conditions : oui, pour reprendre le travail, mais pas à n’importe quel prix. Nous voulons des garanties quant au processus d’établissement des responsabilités et obtenir l’engagement que l’argent public ne servira pas, comme en 2008, à renflouer le système néo-libéral à l’origine de la crise. Ce qui revient à devoir inventer une sortie du système. Les profits engrangés par une minorité au détriment des biens communs peuvent trouver à se réinvestir dans une destinée collective (mondiale) mieux pensée.

Pierre HEMPTINNE

(Remerciements à Pierre Lorquet, Luc Malghem, Guillermo Kozlowski)

 

Pierre Hemptinne est directeur de la Médiation culturelle à PointCulture et à l'initiative du cycle "Pour Un Numérique Critique et Humain".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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