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« De ce qu'on va faire pendant ces semaines, ces mois, dépendra le monde d'après. » | Julien Salingue

Après le discours de Macron, les annonces de Castaner. Et les choses sont désormais on ne peut plus claires.

Ils n'apportent pas de réponses concrètes à l'urgence sanitaire et piétinent les demandes du personnel médical : pas de budget, pas de matériel, pas d'embauches, rien.

Ils refusent d'exiger l'arrêt de l'ensemble des productions et services non-indispensables, et prennent donc la responsabilité de continuer d'exposer les salarié·e·s au virus et de propager ce dernier.

Ils excluent toute réorganisation de la production pour fabriquer, par exemple, des masques, du gel, etc., à la hauteur des besoins, pourtant tellement importants et urgents.

Ils sont prêts à débourser des centaines de milliards pour sauver le système bancaire, mais pas à réquisitionner les logements vides pour les sans-abris ou pour les mal-logé·e·s.

Et on pourrait continuer la liste.

Par contre, il va maintenant falloir produire une attestation sur l'honneur pour aller acheter des pâtes.

Sinon on prendra une amende.

Qui servira à quoi ? À renflouer les banques ?

Le seul moyen de lutter efficacement contre le virus, c'est de le faire collectivement, en associant tout le monde, afin que tout le monde se sente partie prenante de la lutte, que chacun·e soit convaincu·e qu'il ou elle a un rôle à jouer. C'est ce que ne cessent de répéter nombre de représentant·e·s du corps médical.

Ce qu'ils font, c'est exactement l'inverse. Nous écraser, avec leur ton martial et paternaliste, nous menacer de contrôles et d'amendes, alors qu'il y a dix jours ils nous expliquaient, en se rendant au théâtre et en le faisant savoir (mais après coup, parce que bon, des fois le théâtre c'est compliqué pour Macron), qu'il ne fallait pas céder à la panique face au virus.

Société du contrôle, responsabilité individuelle, menace de la matraque, mépris pour la vie : c'est toute la laideur de leur vision du monde qui s'exprime.

Un monde dans lequel les mots "collectif", "solidarité", "commun", et tant d'autres, n'existent pas.

Des mots qu'on va devoir faire vivre, en actes, dans les jours et les semaines à venir, malgré eux, contre eux.

On va entrer dans une drôle de période, dans laquelle il sera vital de se soutenir, de s'aider, de s'organiser pour tenir, d'être là pour celles et ceux qui devront continuer à aller bosser car ils et elles sont indispensables au fonctionnement quotidien de la société.

Tu as remarqué, d'ailleurs, que ce sont souvent les mêmes qui étaient traité·e·s de privilégié·e·s il y a quelques semaines encore ?

On va entrer dans une drôle de période, et de ce qu'on va faire pendant ces semaines, ces mois, dépendra le monde d'après.

Parce que, sans se payer de mots et sans savoir quand commencera cet "après", il y aura un "avant" et un "après" l'épidémie.

Un "après" qui dépendra du "pendant". Et il n'est pas trop tard pour que ce "pendant" se place sous le signe de la solidarité, par en bas, et pas de l'autoritarisme criminel de ces minables petits chefs de guerre.

Solidarité avec les soignant·e·s, avec toutes celles et tous ceux qui exercent des fonctions essentielles et qui vont continuer d'aller bosser, avec les plus fragiles...

Solidarité entre nous tou·te·s aussi car, on peut se le dire, ce qui se passe, et ce qui va se passer, est étrange, anxiogène, inconnu, et que cela peut nous mettre dans des états de doute, voire de détresse.

Car cette crise peut générer le pire.

Mais de cette crise, qui va durer, rebondir, s'approfondir, peut aussi sortir du bon.

Leur monde est exposé dans tout ce qu'il a d'irrationnel et de barbare. C'est le moment d'être solidaires entre nous, et c'est aussi le moment, en construisant ces solidarités, d'imaginer, ensemble, le monde d'après, le monde sans eux, le monde où nous décidons, pour nous, vraiment.

De l'imaginer et de commencer à le construire, ici et maintenant, malgré les circonstances particulières qui vont nous contraindre à être imaginatifs, et dans l'adversité. L'adversité qui, comme l'histoire nous le montre, a souvent été, de façon apparemment paradoxale, génératrice de changements sociaux considérables, d'expériences collectives émancipatrices.

Tu me diras peut-être que je suis optimiste. Et je te répondrai en citant notre camarade Daniel Bensaïd :

''Même si tu n’es pas sûr d’y parvenir, agis en sorte que le nécessaire devienne possible".

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